mardi 20 mars 2012

Marvel Knights 1

Encore une nouvelle revue kiosque pour Panini ! Le bimestriel revient en effet en ce mois de mars pour nous offrir les nouvelles aventures de nos héros urbains préférés ! Au menu, les relaunch du Punisher par Greg Rucka et Marco Checchetto, de Daredevil par Mark Waid et Paolo Rivera/Marcos Martin et de Ghost Rider par Rob Williams et Matthew Clark.

Commençons par la série star du magazine, à savoir Daredevil: 
Murdock est de retour à New York, plus déterminé que jamais à reprendre son métier d'avocat. Il s'aperçoit alors qu'il est le seul à accepter de défendre un commerçant dans une affaire de brutalité policière et décide de mener son enquête...
Waid donne un ton léger et gai à la série sans pour autant faire table rase des événements passés. Plusieurs conséquences des runs antérieurs sont ainsi présents dans le récit (l'identité Daredevil/Murdock révélée ou encore le fait qu'il soit recherché pour ses actes durant Shadowland) : les fans apprécieront. 
Le récit est simple mais pas simpliste et Waid arrive à donner de vrais enjeux à son histoire, tout en la parsement de scènes intelligentes mettant en valeur les sens de Daredevil. 
Rivera et Martin excellent dans leur art et nous en mettent plein la vue : le coté rétro est sympathique et les planches regorgent de trouvailles visuelles.
Bref, la série part sur les chapeaux de roues et on attend déjà la suite avec fébrilité !


Passons maintenant au Punisher. Après le massacre de tout une famille lors d'un mariage, deux flic (un que l'on devine proche de la retraite, et un autre beaucoup plus jeune) mènent l'enquête. Ils seront amener à croiser l'ombre de Frank Castle...
Je dis bien l'ombre car, dans ses deux épisodes à l'ambiance noire très réussie, on ne voit pas beaucoup Castle.
Par contre, on sent sa présence tout au long du réçit : il est décrit ici comme une espèce de force de la nature, fatal à tout ce qu'il rencontre...Greg Rucka, habitué au polar, nous plonge directement dans son univers, renforcé par les excellents dessins de Marco Checchetto. Une très bonne série en devenir !

Dernière série du magazine, Ghost Rider : on retrouve Johnny Blaze en train de tabasser les démons du coin, quand un mystérieux individu lui propose de se débarasser de sa malédiction afin de sauver le monde (l'histoire se passe pendant Fear Itself). Après avoir hésiter, Blaze accepte et l'esprit du Rider s'empare d'une nouvelle personne...
Ces 2 épisodes sont sympathiques et se lisent de façon fluide et agréable. Le scénariste réussit à caractériser Blaze de façon efficace. On assiste à la présentation de la nouvelle Ghost Rider et le mystère qui entoure l'inconnu qui a délivré Johnny de sa malédiction nous pousse à en savoir plus. Les dessins sont vraiment dynamiques et très bien exécutés. Bref, une série qui, si elle n'est pas au niveau des deux premières, commence bien !

En résumé :

Trois séries de qualité pour seulement 5,70 euros :  ce bimestriel va devenir immanquable pour tous les amateurs de héros urbains ! 
Je le conseille aussi aux personnes débutantes qui n'auraient pas envie d'acheter tous les magazines de Panini pour comprendre quelque chose à leur série préférée...

samedi 17 mars 2012

Spider-Man Universe 1 : Venom

Spider-Man Universe est un nouveau trimestriel proposant des séries ou mini-séries liées à l'univers du Tisseur. Pour cette première publication, Panini nous propose les cinq premiers numéros de la nouvelle série Venom, écrite par Rick Remender et dessinée par son acolyte Tony Moore (les fill-ins sont assurés par Tom Fowler).

Dans le Spider-Man n°144, le prélude de la série nous apprenait que Flash Thompson, ami de Peter Parker et ancien vétéran de guerre devenu invalide (il a perdu ses deux jambes), acceptait de participer à une opération militaire top secrète en endossant le symbiote Venom.
Nous le retrouvons donc ici au Nrosvekistan (!), dans le but de capturer un scientifique qui possède la formule pour transformer le vibranium en balle fatale pour n'importe quel métal...mais un mystérieux individu aidé de Jack'O Lantern sont aussi sur le coup et rien ne se passe comme prévu...



Utiliser Venom pour créer un super-soldat sanguinaire en voila une idée intéressante ! Et choisir Flash, personnage bas du front et alcoolique, l'est tout autant !
En effet, tout le récit s'articule autour de la relation entre Venom et son hôte. Prendre un personnage déja instable s'avère donc un choix très judicieux.  Flash doit accomplir ses missions avec plusieurs contraintes : premièrement, il doit impérativement finir sa mission en 48h pour que Venom ne s'attache pas définitivement à lui. Deuxièmement, il doit essayer de restreindre sa colère sous peine de voir le symbiote prendre le dessus...Deux contraintes que Flash aura bien du mal à respecter...
On est donc constamment sous tension, et on se demande à chaque instant comment le héros va gérer une situation qui se dégrade de plus en plus.

Le personnage de Flash Thompson est vraiment bien traité : le contraste entre sa vie civile d'infirme (compliquée par des problèmes sentimentaux et familiaux) et sa vie professionnelle de machine à tuer est saisissant. De plus, le fait qu'on le voit galérer tout au long du récit, parfois totalement perdu et désespéré, contribue à faire de lui un anti-héros très sympathique.
Petit bémol toutefois, Jack'O Lantern et son boss sont des méchants originaux (ça change un peu des villains classiques utilisés dans Spider-Man) mais ne sont pas très approfondis et font pâle figure par rapport à notre héros.
Le récit est quant à lui constitué d'une succession de scènes d'action, qui jouent intelligemment sur les possibilités et les faiblesses de Venom,  et amènent leur quota de fun : on ne s'ennuie pas une seule seconde !

Au niveau du dessin, l'excellent Tony Moore est égal à lui-même en fournissant des pages remplies de détails et en proposant un story-telling abouti. De plus, son style un peu crade convient parfaitement à Venom et fait ressortir son coté organique. On peut aussi noter des décors variés, l'histoire nous emmenant de l'Europe de l'Est jusqu'à New York en passant par la jungle de Kraven.
Tom Fowler assure des fill-ins corrects, mais un niveau en dessous de Moore.


Pour conclure :

Ces cinq premiers numéros s'avèrent très sympathiques. Remplie de bonnes idées, l'histoire est servie par des scènes d'actions très funs dessinées par un Tony Moore en bonne forme. Attendons la suite pour voir si cela se confirme mais la série débute de belle manière. Et pour 5,50 euros, il serait dommage de s'en priver !


jeudi 15 mars 2012

Deadpool max : Un penchant pour la violence

La collection Max (le label adulte de Marvel) accueille aujourd'hui le mercenaire déjanté Deadpool.
Ce premier tome contient les 6 premiers numéros qui constituent une première mini-série (une deuxième est en cours de parution aux USA), écrite par David Lapham et dessinée par Kyle Barker.

On retrouve ici Deadpool dans 5 histoires courtes (une par numéro) que l'on peut lire indépendamment  (bien que la dernière histoire fasse écho à la première). Ainsi, notre mercenaire préféré, aidé par son acolyte Bob, affrontera par exemple Hammerhead et le baron Zemo ou encore croisera son pote Cable... toujours dans le but de détruire les différentes branches de l'Hydra. Ou bien est-ce à quoi on veut lui faire croire ?

Ces 5 histoires suivent une trame assez classique : à chaque fois, notre héros doit mener à bien sa "mission " (traduire éliminer quelqu'un). Par contre, on ne peut pas dire la même chose des situations qu'il traverse pour arriver à ses fins : entretien avec une vraie fausse psychiatre, déguisement de Brad Pitt, récupération d'armes dans la cuvette des toilettes,ou encore explosion nucléaire...le scénariste s'est lâché et nous offre de nombreux délires. C'est simple, on se croirait devant un Tex Avery mais en plus trash et mature.
L'humour est omniprésent avec des répliques jouissives, des clins d'œil sympathiques et de nombreuses scènes décalées (par exemple, Deadpool traduit les avances très chaudes de sa psy par de vraies questions médicales).
Les personnages secondaires sont bien utilisés, à commencer par Bob, qui doit être le personnage de comics le plus poissard jamais crée. L'auteur n'oublie pas non plus de donner sa vision des origines de Wade, introduisant des moments plus graves qui viennent équilibrer le récit.
A noter quelques passages politiquement incorrects (pour du comic mainstream) qui s'avèrent rafraichissants ainsi qu'un dernier épisode dantesque. La fin de ce tome est en effet très originale et réussie. Ça promet une 2ème mini-série très intéressante !

Passons maintenant à la partie graphique. Elle ne plaira surement pas à tout le monde mais on ne peut qu'objectivement constater qu'elle convient parfaitement au propos du récit. Le dessin peut paraître brouillon au départ mais fourmille de détails en tout genre.Les visages sont expressifs et  les scènes d'actions efficaces. Mais surtout, Kyle Barker a pris la liberté d'utiliser plusieurs techniques inhabituelles qui permettent de donner une ambiance vraiment unique à la série. On pourra citer par exemple l'utilisation de photos, des objets avec des hachures en guise de remplissages ou encore des silhouettes noires qui contrastent avec des décors et objets aux couleurs flashys. Une vraie prise de risque graphique qu'il convient de saluer, surtout que le procédé s'avère ici efficace.



En résumé :

Deadpool Max est une œuvre atypique qui tranche avec la production mainstream actuelle. On sent que les auteurs ont bénéficié d'une totale liberté : les situations complétement folles  s'enchainent, appuyées par un parti pris graphique unique mais bluffant.
Même si vous n'aimez pas Deadpool, il serait vraiment dommage de passer à coté de ce comic qui apporte une  véritable bouffée d'air frais et ose la prise de risque. Vous voila prévenus.


samedi 3 mars 2012

Soldat inconnu : Possédé

Soldat Inconnu est la première nouvelle série Vertigo de chez Urban Comics. Ce tome reprend les 6 premiers numéros parus en 2009 en VO (la série sera publiée en 4 albums). Joshua Dysart scénarise, aidé d'Alberto Ponticelli au dessin.

Le Dr Moses Lwanga, médecin humanitaire américain, revient avec son épouse (médecin elle aussi) dans son Ouganda natal afin d'aider la population, plongée dans une guerre civile entre partisans du gouvernement et rebelles. Seulement, les choses vont mal tourner et Moses va être pris dans une altercation entre 2 factions opposées qui va changer sa vie...

L'histoire se déroule donc en Ouganda et débute en 2002. Je ne savais rien, ou presque, de la situation de ce pays avant de lire ces 6 numéros. Heureusement, Urban a une fois de plus réalisé un travail éditorial de qualité : on trouve en effet à la fin du récit une post-face, un historique du pays et de la guerre civile qui y fait rage écrits par l'auteur, une carte géographique ainsi qu'un lexique très fourni expliquant par exemple des sigles d'ONG, ou fournissant une petite biographie des hommes politiques cités par les personnages... Un effort remarquable qui aide à saisir le contexte de l'histoire. Je vous conseille d'ailleurs de lire tout ceci avant l'histoire en elle-même.

Le récit suit une forme assez classique (héros naïf, évènement traumatisant, prise de conscience/décision). Mais ce n'est pas  vraiment un mauvais point et on assiste à un véritable thriller qui va a 200 à l'heure. On ne s'ennuie pas et les scènes choc s'accumulent.
Le scénariste prend également soin de s'attarder en début de récit sur le héros et sa femme ce qui permettra de voir à quel point les événements traumatisants vécus par ses personnages les ont changés.

Ce qui démarque particulièrement cette série, c'est, qu'en plus d'être un thriller efficace, elle nous fait découvrir tout un monde que l'on ne connaissait pas et réussit à nous intéresser et à nous faire réfléchir (en cela, elle est au minimum 100 fois plus efficace que n'importe quel cours d'histoire !). L'auteur livre en effet un regard particulièrement juste et réaliste sur la situation du pays. 
Rien n'est épargné : conséquences de la colonisation anglaise, rôle de la religion dans le conflit, incorporation forcée d'enfant dans les armées, meurtres gratuits, esclavage sexuel, mutilations, enlèvements...tout y passe. Il faudra donc avoir le cœur bien accroché pour lire cet album, qui, vous l'aurez compris, n'est pas à mettre entre toutes les mains !
On aurait pu craindre un récit plein de poncifs sur l'Afrique mais il n'en n'est rien. On sent que l'auteur à fait un vrai travail de documentation avant d'écrire son histoire et il réussit à faire un état des lieux de la situation à travers les pensées et les paroles des différents personnages sans exprimer son point de vue personnel.

De son côté, Ponticelli nous livre des dessins crus mais détaillés (un peu comme Guera sur Scalped) qui permettent de faire ressortir toute la violence du récit et d'établir une ambiance réellement dérangeante.

En résumé :

Ce tome est un véritable coup de poing dans l'estomac et restera longtemps dans votre esprit après sa lecture. L'histoire ne se contente pas d'être un thriller réussi et décrit avec justesse les violences quotidiennes de toute une population prise dans la guerre civile. Attention cependant, l'hyper-violence de certaines scènes ainsi que les thèmes abordés réserveront cet album aux plus courageux d'entre vous !